Festival d´opéra de Munich: récital de Lieder de Dorothea Röschmann

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Dorothea Röschman
Dorothea Röschman

La soprano allemande Dorothea Röschmann, bien connue pour ses grands rôles mozartiens, nous a donné hier soir un délicieux récital de Lieder sur le thème de l´ âme fidèle, vingt Lieder composés par Schubert, Mahler et Hugo Wolf, et que les amateurs connaissent déjà pour partie grâce à son cd intitulé Portraits, que la chanteuse a sorti en 2014 avec le pianisteMalcolm Martineau, un musicien dont la renommée n´est plus à faire, Martineau étant depuis belle lurette internationalement reconnu comme un des meilleurs accompagnateurs lyriques de sa génération. Röschmann et Martineau avaient déjà avec un même succès ce même récit à la Scala de Milan en janvier 2016.

Un des grands intérêts de la soirée réside dans l´interprétation répétée, en ouverture et en clôture de récital, des mêmes textes extraits du Wilhelm Meisterde Wolfgang von Goethe. Dorothea Röschmann commence par interpréter «Heiss mich nicht reden», «So lasst mich scheinen», «Nur die Sehnsucht kennt» et la chanson de Mignon, «Kennst du das Land», dans la version qu´en a donnéeSchubert, et termine son récital par les mêmes chansons mises en musique parHugo Wolf. Dorothea Röschmann en donne une interprétation aux nuances exquises avec des inflexions de voix subtiles qui touchent directement l´âme des auditeurs. Elle communique sa science profonde d´un monde émotionnel délicat sur le ton d´une intimité dont elle s´éloigne parfois pour donner des aigus éclatants. Le charisme de la chanteuse s´accompagne de retenue et de noblesse, la retenue se mettant au service du déploiement toujours précis de la palette émotionnelle.

On retrouve cette connaissance de l´humain dans son interprétation des Mörike-Lieder d´Hugo Wolf, avec une incroyable transformation, des plus amusante, lorsqu´elle donne l´»Erstes Liebeslied eines Mädchen». Dorothea Röschmann, qui affiche la souriante maturité d´une agréable quarantaine, se transforme avec un art de la scène consommé en une adolescente tiraillée par les prémices de l´amour, un sentiment dont la jeune fille ignore tout encore. La métamorphose est saisissante, pour le plus grand plaisir du public ravi de l´interprétation tant scénique que vocale. Dorothea Röschmann enchante dans Wolf, un compositeur raffiné qui approchait le Lieder comme un poème symphonique. Avec sa douceur et son charme, qu´accompagnent ses capacités d´introspection et d´interprétation,Dorothea Röschmann rend avec grâce la rencontre de la poésie et de la musique qui caractérise les compositions du compositeur autrichien d´ascendance slovène.

Luc Roger

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