L´orchestre radiophonique de Munich (Münchner Rundfunkorchester) nous conviait à découvrir en version concertante le premier opéra italien de Mozart, La finta semplice, (en francais La fausse ingénue), un opéra commandé au jeune prodige qui n´était encore âgé que de douze ans. Cet opera buffa est un divertissement comique en trois actes composé sur un livret de Marto Coltellini, lui-même adapté du dramma giocoso de Carlo Goldoni.
L´opéra était joué dans le cadre des concerts du dimanche (Sonntagskonzert) organisés par le Münchner Rundfunkorchester, des concerts qui se donnent quatre fois par ans dans le beau cadre du Priunzregententheater de Munich, et qui se proposent souvent de faire découvrir au public des opéras moins connus ou moins souvent joués du répertoire.
Pour cet opéra précoce de Mozart, la direction musicale a été confiée à un spécialiste du répertoire italien, Rinaldo Alessandrini, dont la direction enjouée a bien rendu les aspects espiègles, la créativité et l’enthousiasme juvénile de la partition. Alessandrini, un grand spécialiste du clavecin et de la musique de Monteverdi, a travaillé en parfaite complicité avec les deux musiciens chargés du basso continuo, Francesco Moi, magnifique de précision au clavecin, et Uladzimir Sinkevich au violoncelle, dont le travail a ornementé avec l´élégance d´un beau décor sonore les nombreux récitatifs.
La version concertante convient en fait fort bien à la succession des récitatifs et des arias, dont les chanteurs ont su souligner les côtés théâtraux et caricaturaux, dans l´esprit de la commedia dell´arte.
On a regretté l´absence de l´exquise chanteuse catalane Nuria Rial, très attendue dans le rôle de Rosina. La soprano espagnole, souffrante, a cependant été remplacée, au pied levé mais avec bonheur par Chen Reiss, très à l´aise dans le répertoire mozartien (-il suffit d´écouter son album Liaisons pour s´en convaincre-), superbe dans le phrasé et qui chante Rosina avec légèreté en rendant bien le caractère primesautier et espiègle du personnage, notamment dans le «Senti l´eco, ove t´aggiri,…» très joliment ornementé. Anna Lucia Richter a interprété avec finesse sa femme de chambre Ninetta, ravissante dans le «Chi mi vuol bene, presto mel dica,…». Leonardo Cortellazzi donne un Capitaine Fracasso convaincant. Le timbre est léger et d´une grande clarté, la voix raffinée avec une montée progressive dans l´expression des émotions, il rend bien l´humour des indignations du capitaine qui défend l´honneur de sa soeur. Son «In voi, belle, è leggiadria,…» a été particulièrement apprécié.
On pourra (ré)écouter l´opéra en podcast pendant une semaine sur BR Klassik.
Luc Roger