Leo Nucci. Concierto. Marsella

 Leo-Nucci1.Marsella

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Opéra de MARSEILLE

Vendredi 15 Novembre 2013

Orchestre de l’Opéra de MARSEILLE

Directeur d’Orchestre : Lawrence FOSTER

Est-il encore indispensable de présenter le grand baryton italien Léo NUCCI ? Avec une carrière de plus de 40 ans et 71 printemps superbement portés, on ne peut pas imaginer qu’il existe encore des amateurs d’art lyrique n’ayant jamais vu cet artiste au moins une fois sur scène. Après une absence de 15 longues années, la scène de l’Opéra de MARSEILLE retrouvait enfin un de ses plus grands artistes pour un concert 100 % VERDI, accompagné par l’Orchestre de l’Opéra de MARSEILLE sous l’excellente direction du chef américain Lawrence FOSTER.

Le programme était copieux tant sur le plan musical que sur le nombre d’ouvrages interprétés, avec un choix très judicieux pour ce qui concerne la partie orchestrale. En effet, même si nous n’avons pas échappé à la fameuse ouverture de LA FORCE DU DESTIN, nous avons eu le grand plaisir d’écouter des moments musicaux moins communs comme le ballet de MACBETH ou celui du 2ème acte de AIDA, sans oublier le magnifique prélude de LA TRAVIATA.

Le concert commença par l’ouverture de NABUCCO, très bien dirigée par Lawrence FOSTER, à laquelle succéda l’entrée de Léo NUCCI sous les acclamations du public. Un grand moment d’émotion pour l’artiste mais aussi pour les spectateurs, une sorte de communion, de complicité, s’installant à nouveau spontanément. N’ayant pas choisi la facilité, Léo NUCCI entame sa prestation par la mort de POSA du DON CARLO de VERDI. Le timbre est toujours aussi magnifique, la technique parfaite, la ligne de chant soignée, la musicalité exemplaire. L’interprète est déjà dans la peau de son personnage et mimera la balle reçue dans le dos pour chanter la seconde partie de l’aria. Le public retient son souffle, on pourrait entendre une mouche voler ! La fin de l’air est saluée par une salve d’applaudissements qui ne sera que le début d’un concert qui restera pour toujours dans la mémoire de ceux qui y ont assisté. L’orchestre poursuit son programme avec le ballet de MACBETH puis Léo enchaîne par l’air tiré de la même oeuvre (« Piétà, rispetto, amore… ») ; cet ouvrage, qu’il a si souvent chanté sur cette scène, est à ce moment précis dans toutes les pensées des spectateurs qui lui réservent un accueil digne de son interprétation parfaite. L’ambiance redevient un peu plus festive avec le ballet du 2ème acte de AIDA puis le baryton refait son apparition en précisant qu’il a choisi (en accord avec le chef) de modifier un peu le programme et de chanter RIGOLETTO (« Cortigiani… ») à la place de LUISA MILLER. L’annonce de cette œuvre, qu’il a chanté plus de 500 fois dans sa carrière, déclenche une onde de plaisir dans le public. Là encore l’artiste devient immédiatement le père menaçant puis pleurant et suppliant ; tout le monde vibre avec lui et nous sommes tous à ce moment là des RIGOLETTO. Les acclamations résonnent dans le théâtre, laissant présager une seconde partie tout aussi électrique. La reprise se fait en douceur par le prélude de LA TRAVIATA suivi de l’air de GERMONT (« Di Provenza… ») laissant apparaitre toute la finesse de l’interprétation. Vient ensuite l’air de RENATO dans UN BAL MASQUE (« Eri tu… ») nous offrant une belle noblesse de style. Après l’ouverture de LA FORCE DU DESTIN Léo NUCCI fait son retour sur scène pour son dernier air tiré de LUISA MILLER (« Sacra è la scelta… »), un ouvrage trop peu joué et qui recèle pourtant des trésors, comme ce passage notamment. La voix commence à donner quelques signes de fatigue (c’est un peu normal après un tel programme et un engagement total) mais l’interprétation est toujours très soignée, frôlant la perfection. Le programme (officiel) se termine mais le public déchaîné en veut encore plus et réclame l’artiste pendant de longues minutes. Après avoir remercié la Direction de l’Opéra de MARSEILLE, Léo NUCCI s’adresse au public mais sa voix se brise par l’émotion et les larmes apparaissent. Une vague de souvenirs remonte à la mémoire et les applaudissements redoublent, puis le silence se fait à nouveau lorsque le chef lève sa baguette. Léo, les mains jointes et les yeux fermés, cherche au plus profond de lui-même toute l’énergie nécessaire pour nous offrir son premier bis, une reprise de LA TRAVIATA chantée toute en finesse et sensibilité : un ange passe ! Le public l’ovationne, bien décidé à ne pas le laisser partir, pas encore rassasié. Arrive le deuxième bis, la mort de POSA (DON CARLO) chanté avec une énergie encore intacte après plus de 2 heures de chant. Un triomphe salue la fin de l’air mais le public est toujours aussi déchainé et en redemande, encore et encore. Après plus de 5 minutes de rappel Léo revient pour un dernier morceau que tout le monde attendait : RIGOLETTO ! Ce rôle qu’il a si souvent interprété lui colle à la peau d’une manière incroyable : il ne chante pas RIGOLETTO, il est RIGOLETTO !!! Le public ne s’y trompe pas et se lève spontanément à la fin de l’air en criant des « Bravo » et des « Merci » qui lui vont droit au cœur. Après avoir parcouru toute la scène pour remercier l’ensemble du public, il envoi un dernier baiser avant de regagner définitivement les coulisses.

 

Nous avons vécu une soirée que nous pouvons qualifier, sans aucune exagération, de mémorable grâce à ce grand Monsieur que le monde entier ovationne régulièrement. Merci Monsieur NUCCI de nous offrir de tels moments : nous vous aimons !

 

 

Corinne LE GAC