Okka von der Damerau enchante le Festival Richard Strauss de Garmisch

Okka von der Damerau enchante le Festival Richard Strauss de Garmisch
Okka von der Damerau enchante le Festival Richard Strauss de Garmisch

La mezzo-soprano Okka von der Damerau donnait hier soir un récital de Lieder en la salle Olympia de Garmisch-Partenkirchen accompagnée par la pianiste Karola Theill. Au programme, des Lieder de Johannes Brahms, Richard Strauss et Gustav Mahler.  Bien connue du public bavarois, elle fait partie du prestigieux ensemble du Bayerische Staatsoper de Munich dont elle est une étoile montante, avec, parmi tant d’autres, une Erda ou une Ulrica très remarquées

Le récital fut un régal! Okka von der Damerau, c’est d’abord une présence: un port de reine, une stature imposante qui évoque celle des déesses grecques de la statuaire antique, un charisme qui irradie la sérénité et la tendresse et impose un calme attentif dès son entrée en scène, une capacité de concentration peu communes. Et la voix de s’élever, superbement projetée, avec une technique et une articulation impeccables qui rendent les textes des chansons parfaitement compréhensibles. La puissance d’émission fait vibrer toute la salle avec les «fraîches mélodies» («Wie Melodien zieht es mir») de Brahms en entame de programme. Très vite la beauté mélodieuse de la phrase musicale déploie toute une palette émotionnelle souvent empreinte de compassion et de gentillesse, comme dans «Verzagen» où le chant vient consoler un coeur désespéré qui aspire au repos.

Okka von der Damerau va ensuite nous entraîner au coeur même du propos straussien du Festival avec les «Huit poèmes» des «Letzte Blätter » de Hermann von Gilm, ces Lieder magnifiques que composa le jeune Strauss, qui n’avait alors que 18 ans, sur ces textes intimistes, sentimentaux et contemplatifs, parfois même souriants et drôles, qui expriment la fragilité d’un bonheur familier sous-tendu en filigrane par les ombres du temps qui s’écoule trop vite ou  de la mort. Okka von der Damerau rend avec une  exquise sensibilité le kaléidoscope émotionnel de ces Lieder passant de l’humour de «Nichts» à la gravité plus tragique de «Geduld».  Le dialogue entre le piano et le chant témoigne d’une parfaite complicité entre la chanteuse et l’excellente pianiste Karola Theill dont le jeu synchrone accompagne de manière exquise la respiration de l’interprète.

Les atmosphères intimes restent au rendez-vous de la seconde partie avec les cinq Rückert-Lieder de Mahler rendus par le chant d’Okka von der Damerau qui allie perfection technique et clarté de l’énonciation et se nourrit de la  vision intérieure d’une femme qui aime la vie et en accepte les aléas.  Ses variations expressives dans «Um Mitternacht» sont un ravissement.

Brahms ensuite, avec le ton humoristique et joyeux de «Ständchen» et la proclamation de l’amour de «Von ewiger Liebe» que la chanteuse termine avec la puissance d’un vibrato époustouflant.

«Morgen» et «Cäcilie» de Richard Strauss terminent le programme de deux grandes interprètes saluées par des applaudissements crépitants. Okka von der Damerau  et Karola Theill donneront encore deux rappels avec le Lied amusant «Mein Vater hat gesagt» extrait de Des Knaben Wunderhorn chanté par une Okka souriante et détendue, suivi de la reprise de «Zueignung»qui se termine par cette merveilleuse proclamation d’un remerciement reconnaissant «Habe Dank», un sentiment entièrement partagé par le public.

Prochains rendez-vous avec Okka von der Damerau: voir le calendrier d’Operabase . Soulignons ses prochaines prises de rôles en Ortrud (Lohengrin en septembre à Stuttgart),  en Azucena (Il Trovatore, Sankt Gallen et Munich) et en Fricka (Die Walküre, Amsterdam).

Luc Roger