Dance Festival 2019 : A quiet evening of dance de William Forsythe

Dance Festival 2019 : A quiet evening of dance de William Forsythe

L’édition 2019 du Festival DANCE s’est ouverte hier soir à Munich avec la présentation d’une chorégraphie merveilleusement accomplie de William Forsythedansée par des interprètes doués d’un extraordinaire talent !

Il n’est plus nécessaire de présenter William Forsythe qui s’est imposé comme l’un des plus grands innovateurs de la danse contemporaine avec son langage gestuel unique et inimitable et qui pendant 45 ans a travaillé en Europe pour ensuite, depuis peu, retourner aux Etats-Unis. Il avait fondé l’ensemble The Forsythe Company, dissous en 2015, comme un laboratoire de création où le chorégraphe et les danseurs travaillaient en complète symbiose. Forsythe encourage ses danseurs à repousser leurs limites, comme il le fait lui-même, et à explorer de nouveaux horizons. « A Quiet Evening of Dance » est le produit de la rencontre du travail de chercheur créatif de Forsythe, un travail de la maturité, le résultat d’une vie de recherche et de maîtrise ès chorégraphie, et de la fabuleuse énergie de ses 7 danseurs et danseuses qui se produisent en duos et en trios jusqu’au final collectif . Le spectacle a été conçu et créé pour le 20e anniversaire du «Sadler’s Wells London», en octobre 2018, un spectacle dans lequel Forsythe reprend des travaux plus anciens, révisés et complètement nouveaux combinés.

«Quiet» signifie en douceur, avec calme, mais aussi avec discrétion.Ce sont les bras qui sont au centre de l’attention, leur ouverture et la rotation des articulations, tout comme les équilibres et les contretemps. Cela va de la réduction radicale au contrepoint baroque. Les bras des danseurs sont soulignés et leurs mouvements amplifiés parce qu’ils sont revêtus des mains jusqu’au-dessus des coudes par des longs blancs d’abord blancs puis de couleurs (superbes couleurs des costumes conçus par Dorothee Merg et William Forsythe). La dernière chorégraphie de William Forsythe poursuit l’étude de la danse classique à laquelle il s’attache depuis le début de sa carrière.

Dance Festival 2019 : A quiet evening of dance de William Forsythe
Dance Festival 2019 : A quiet evening of dance de William Forsythe

Le premier acte présente d’abord la seconde éditon de «Catalogue». Vient ensuite «Epilogue» où Rauf «RubberLegz» Yasit confronte l’essence du ballet à la virtuosité du b-boying (c’est ainsi qu’on nomme la breakdance aux Etats-Unis). «Dialogue» (DUO2015) conclut la première partie de cette soirée. Avec la nouvelle pièce «Seventeen / Twenty One», sur une musique de Rameau, le deuxième acte nous ramène aux premiers temps de la danse classique.

«Dialogue» (DUO2015) a été créé en 1996 en duo pour deux danseurs du Ballet de Francfort, il fut ensuite modifié en 2015 pour le programme d’adieu de la ballerine Sylvie Guillem et dansé par deux hommes, Brigel Gjoka et Riley Watts. Ce duo a constitué le point de départ de «Une soirée tranquille de danse». «Tous les mouvements sont basés sur le vocabulaire classique, bien qu’il offre une structuration alternative du matériel académique», explique Forsythe. En général, il s’agit d’une soirée que le «ballet native speaker» Forsythe dédie à la danse classique. «Catalogue» (Deuxième édition), dansé en silence par Jill Johnson et Christopher Roman, est une passionnante démonstration du fonctionnement même du ballet : Forsythe y remet ses connaissances en question et les réexamine sous toutes leurs coutures. La maîtrise des danseurs dépasse l’entendement  et laisse bouche bée.

Une nouvelle pièce, «Seventeen / Twenty One»,  avait été créée l’an dernier dans les studios de Forsythe tant dans le Vermont qu’ à Londres. Inspiré du récit de ballet «Apollo’s Angels» de Jennifer Homan, le chorégraphe s’immerge dans les débuts de la danse classique, à la cour de Louis XIV, à l’époque où le maître  de danse Pierre Beauchamp (1631-1705) collaborait avec Jean-Baptiste Lully, Marc-Antoine Charpentier et Molière et inventait avec eux la « comédie-ballet » dont les meilleures illustrations sont Le Bourgeois gentilhomme (1670) et Le Malade Imaginaire (1673). Il avait été le premier maître de ballet de l’Académie royale de Musique et avait mis au point au point un système d’écriture de la danse que son disciple Feuillet publierasous son nom propre en 1700. Codificateur des cinq positions classiques, Beauchamp fut l’une des plus grandes figures de la « belle danse » française du 17e siècle. Forsythe a créé là une oeuvre remplie d’humour et de joie dansés, il revisite la stricte hiérarchie des règles de la danse du 17 e siècle en les libérant par la création d’un art égalitaire dans lequel les danseurs sont à partie égale dans le processus de création. Chez Forsythe, le baroque rencontre le HipHop, la danse classique rencontre l’art acrobatique et tout cela nous donne le design décontracté, extrêmement joyeux et heureux de la deuxième partie qui clôture avec brio cette soirée qui ouvre de nouvelles perspectives.

Luc Roger